Nul n’est insensible au charme d’un songe, se sentir enfin hors du monde et de ses clôtures apparentes, rêver et commander aux apparences, goûter et savourer une réalité toute différente : ce n’est pas seulement imaginer, mais vivre gratuitement et gracieusement à l’intérieur de ce charme.
Il nous arrive même de ne pas savoir si nous voyons des choses réelles ou si nous sommes seulement troublés par nos propres fantaisies.
Devant nos yeux, dans le rêve ou à l’occasion d’une rêverie, les fictions imagées défilent et se faufilent, toutes délectables.
Elles ne sont aucunement de vains simulacres, mais prennent à nos yeux la place des choses.
C’est un monde magique, monde parallèle, mais unique et singulier. Il exprime à travers le rêve notre besoin impérieux et salutaire d’échapper à cette sombre existence et au regard d’autrui. Tout se passe comme si nous savions que ce n’était pas vrai mais que nous avions besoin de ne pas le croire.
Ainsi l’illusion ne serait plus un faible degré de la réalité, mais totalement étrangère à la réalité.
Comment dès lors peut-on nous inciter à renoncer à nos illusions, voire à les dénoncer ? Ne devons nous pas plutôt nous abandonner à elles en dépit de leur irréalité?
Pourquoi s’en débarrasser puisque selon le poète « nous sommes faits de la même étoffe que le songe et que notre petite vie, en somme, la parachève « ?

LE NEVEU DE BALZAC 🧐

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