Monsieur Jean-Luc Mélenchon,

Vous m’interpellez à nouveau.
Je vous réponds à nouveau sur les questions économiques et financières qui nous occupent.

Vous martelez encore que nous devrions faire 80 milliards d’euros d’économies pour retrouver notre niveau de 3 % de déficit.

Je ne conteste pas les 3 % : c’est une règle européenne que nous devons respecter. Elle fait notre force commune.

En revanche, je conteste votre chiffre de 80 milliards. Il est le vôtre, pas le nôtre.

Je conteste également que nous manquions de clarté sur nos solutions pour faire baisser les déficits et la dette publique. Elles sont connues et efficaces : des réformes de structure, une vigilance sur chaque euro dépensé et de l’investissement dans la croissance.

Nous refusons toute austérité, qui serait une erreur économique et une faute politique. Nous voulons simplement faire preuve de responsabilité, ce qui est un devoir. Cet esprit de responsabilité nous a permis de revenir sous la barre des 3 % de déficit en 2018.

Avec cette méthode et de la détermination, nous retrouverons des finances publiques solides. Cela reste un défi stratégique pour nous. Cela vous semble tout à fait accessoire, comme le montre la multiplication de vos dépenses inconsidérées. Voilà toute la différence entre vous et nous.

Vous martelez aussi depuis plusieurs jours l’idée que nous voudrions augmenter la TVA : de quelle imagination fertile l’avez-vous tirée ? Quel esprit complotiste vous l’a soufflée ?

Pour la millième fois, je vous réponds : nous n’augmenterons pas davantage la TVA demain que nous ne l’avons fait hier. N’attribuez pas au président de la République et à notre majorité vos propres turpitudes : c’est vous qui voulez augmenter massivement les impôts des Français.

Puis-je vous rappeler que nous avons baissé les impôts de 52 milliards d’euros en cinq ans, quand vous proposez de les augmenter de 160 milliards d’euros ? Puis-je vous rappeler que nous avons baissé l’impôt sur le revenu ? Engagé la suppression de la taxe d’habitation ? Engagé la suppression de la redevance pour l’audiovisuel public ? Baissé l’impôt sur les sociétés ?

Vous reconnaitrez un léger manque de bonne foi de votre part.

Votre bonne foi, je la reconnais cependant sur un point. Vous admettez que vous allez augmenter les cotisations vieillesse pour financer votre projet de retraite à 60 ans. C’est 1,25 point de cotisation en plus pour tous les salariés d’ici 2027. Cela représente 20 euros en moins chaque mois pour une personne au SMIC.

Faisons simple : vous voulez baisser les salaires de tous les Français.

La retraite à 60 ans est la garantie de lendemains qui déchantent pour tous nos compatriotes, en particulier les plus modestes. Elle est le chemin le plus direct vers le déclin de notre pays. En travaillant moins, nous nous appauvrirons tous.

Il n’est pas compliqué de comprendre non plus qu’en bloquant tous les prix nous irons droit à la pénurie et au rationnement.

Qui paiera sinon la note ?

Vous me dites que les départements d’Outre-mer pratiquent déjà le blocage des prix. C’est faux. Les prix de l’essence sont réglementés mais évoluent en fonction des cours pétroliers mondiaux. Les produits de la vie quotidienne sont quant à eux protégés par le « bouclier qualité-prix ». Ce mécanisme, adapté à la situation de territoires très dépendants des importations maritimes, serait totalement inadapté à la métropole.
Je salue néanmoins votre hommage à la politique du gouvernement pour combattre la vie chère dans les territoires d’Outre-mer.

Vous voyez, Monsieur Jean-Luc Mélenchon, que nous nous opposons sur des points qui ne sont pas mineurs.

Ce sont bien deux conceptions de la vie économique, et pour tout dire deux conceptions de la France, qui s’opposent. La vôtre est le fruit d’une idéologie qui a échoué. La nôtre repose sur la clarté des choix, la constance des décisions, la précision des faits.

Et les faits, comme l’a dit un homme que vous admirez certainement, sont têtus.

Les faits, les voici.

C’est le travail qui fait la richesse d’une nation. C’est la richesse d’une nation qui fait sa capacité à protéger les plus faibles. C’est la protection des plus faibles qui fait la justice.

Nous poursuivrons donc la baisse des impôts pour récompenser le travail. Nous renforcerons la compétitivité de nos entreprises et nous simplifierons la vie de nos entrepreneurs. Nous atteindrons le plein emploi, dont nous nous approchons depuis cinq ans à force de réformes et de courage, et qui est le remède le plus sûr aux maux de la France.

Vous le voyez : pas de mystères, pas de mesures cachées, mais simplement des évidences et du bon sens.

Un dernier point enfin sur lequel nous aurions pu nous retrouver : l’urgence absolue à accélérer la transition écologique.

Hélas, je regrette que sur ce sujet aussi, sans doute pour des considérations électorales, votre idéologie ne l’emporte sur les faits. Plus personne de sérieux ne prétend que nous pourrions réussir la transition énergétique en nous passant de l’énergie nucléaire.

L’énergie nucléaire n’est pas la solution miracle. Mais avec le développement des énergies renouvelables, la mise en place de solutions innovantes comme l’hydrogène et avec une nécessaire sobriété, elle nous permettra d’accélérer l’indispensable transition énergétique de la France. Je suis convaincu que vous reviendrez un jour sur vos choix en la matière, comme il vous est arrivé par le passé de revenir sur nombre de vos déclarations.

Et puisque c’est le futur qui nous intéresse, et qu’il se joue dimanche, je profite de cet échange démocratique avec vous, Monsieur Jean-Luc Mélenchon, pour appeler toutes celles et tous ceux qui croient dans les idées que je viens de défendre à se mobiliser et à voter pour les candidats de la majorité présidentielle.

 

M. Bruno LE MAIRE

Ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique