Un constat saisissant : la maladie mentale augmente fortement. Les plus concernés, les jeunes , les personnes vulnérables, les économiquement faibles.
Mais au delà, tout le monde…
Les causes sont nombreuses et surtout complexes. Pourtant, elles ont un dénominateur commun, toutes pointent vers un trouble diffus, « un malaise » dans la civilisation fait d’un sentiment de désordre, d’accélération menaçante des technologies, d’imaginaires d’épuisement du monde tel qu’il est.
Il faut aider les malades psychiques, les écouter, les soigner, les accompagner. Mais en même temps se pose la question : jusqu’où psychiatriser le malaise global ? Et à partir de quelle normalité définir la pathologie psychiatrique de la population ?
Nous assistons chez les jeunes à une véritable épidémie de troubles anxio-dépressifs, dans les pays dits développés les structures d’accueil sont débordées. Comment pourrait t’il en être autrement ? Le Covid, par les contraintes imposées, a accentué le malaise.
Pourtant, ne faut-il pas admettre qu’avec leurs troubles, ce sont les jeunes qui sont sans doute adultes et mûrs. Les jeunes n’ont pas les habitudes de déni et de fuite des adultes immatures qui sont au pouvoir et de plus en plus coupés de la réalité. Ils ont besoin d’un discours collectif de transparence et de vérité.
Certes, les rapports de force et de pouvoir sont inévitables, mais il faut les distinguer de la violence consciente, voulue, d’atteinte à l’intégrité, voire de négation , des autres.
Nous n’avons que très peu d’outils spécifiques pour comprendre ce qui arrive. Il faudrait nous intéresser à notre addiction à certaines formes d’aliénation, voire de servitude.
Et tenter de comprendre les ressorts de notre fuite du réel, non pas en tant que construction culturelle, mais comme maladie collective.
« C’est dans le vide de la pensée que s’inscrit le mal » écrit Hannah Arendt.
Aussi vrai qu’inquiétant.