L’humanitaire ne serait t’elle pas une manière de dire non à cette pellicule d’images et d’indifférence que véhicule notre monde?
C’est une tentative pour résister, par tous les moyens à portée de main, à ce monde qui devient, comme déchargé du souci des autres, de leur existence, de leur survie, de leurs souffrances .
Combattre cet oubli des autres n’est pas confortable. La résistance à l’oubli des autres passe par l’indignation, qui est une forme de sursaut contre l’indifférence. Elle s’oppose au monde tel qu’il est pour dire : Non, ceci n’est pas possible « , même si cela existe. L’indignation oppose un ordre du monde préférable à celui qui règne effectivement. Elle est fondée sur une forme positive d’intolérance : l’intolérance à l’intolérable.
C’est une intolérance qui sauve. On se trompe en prônant une forme de tolérance molle, qui veut que tout le monde ait raison. Cela peut aboutir à des monstruosités comme, par exemple, d’admettre que les nazis avaient une opinion, que c’était une opinion comme une autre.
Sur ce point, nous ne devons pas craindre d’être intransigeants. On demande généralement à l’indignation de ne faire trop d’histoires, de faire confiance, d’attendre un peu , de se plier au réalisme. La vertu de l’indignation, c’est au contraire son caractère non négociable, inentamable, entier. L’indignation n’est pas seulement la pitié, ni la rébellion. C’est la volonté de marquer un horizon du souhaitable, de départager l’indigné et l’insupportable.
Bonne réflexion…
LE NEVEU DE BALZAC 
Image by Yaroslav Danylchenko