Elles dérangent, elles étonnent par leur ahurissant succès ces séries télévisées où les médecins s’amusent à être eux-mêmes. On se demande jusqu’où elles seront capables d’influencer les gens. On se demande surtout pourquoi elles plaisent tant.
Une réponse : les scénarios sont bien ficelés. Nul n’a jamais vu les hôpitaux qu’ils décrivent. Les patients bénéficient d’une immense attention, les praticiens prennent le temps de discuter de tout et de rien, le matériel fonctionne, les bureaux sont luxueux. Pas d’administrateur, pas d’assureurs ,pas d’ethicien. Une médecine romantiquement restée à l’état sauvage, les séries se situant dans une réalité augmentée et décalée.

DR HOUSE

Nous ne pouvons éviter le docteur Gregory House ! Ce caractériel surdoué, misanthrope séduisant et surtout incomparable chasseur de diagnostics difficiles.
Pourtant, tous les médecins des ces séries, une fois ou l’autre, trichent, dérapent, cèdent à un penchant, font un coup tordu. Le seul qui se détache, c’est le docteur House, il ne dérape pas de temps en temps, il est une figure ontologiquement cynique et désabusée.
Pourtant, ces médecins vivent autre chose : leur passion…
Et l’intérêt de ces séries vient de ce que le spectateur se rend compte qu’il est impossible de découper leurs vies en petits morceaux. Ils soignent, ils vivent avec la souffrance et la mort des autres et en même temps, ils essaient de sauver leur peau, c’est à dire leur sens moral, leur raison de vivre.
L’indifférence est bien plus répandue, plus dangereuse et plus sournoise que les manquements éthiques.
Même le docteur House, personnage aussi peu éthique au premier abord, émet des messages intéressants. D’abord,  il croit en une vérité scientifique. En exagérant, il donne une fausse idée de la médecine. Par son attitude, nous pensons que la pratique médicale se résume à une démarche à la Sherlock Holmes où le but final , quasi mystique, consiste à trouver une vérité cachée. Il est obsédé par la recherche du bon diagnostic et en même temps, il est handicapé, il boite et souffre d’une douleur chronique qui le rend dépendant des analgésiques. L’intéressant, dans cette série, c’est cette souffrance qui lui permet de s’approcher au plus près des troubles des malades. Même en jouant les misanthropes, il dévoile sans le vouloir la vérité intime des patients. Le diagnostic s’accompagne presque toujours d’une humanisation de l’individu.

Les spectateurs, en regardant leurs postes, ne font que chercher la vérité sur les humains et d’abord sa façon de se révéler chez les soignants. Ceux-ci sont à chaque instant dans la tentative de ne pas se faire happer par la souffrance et la mort, usant de mille stratégies pour éviter de sombrer dans le burn-out ou le non sens…
Vous allez peut-être regarder différemment vos soignants…

 

LE NEVEU DE BALZAC 🧐