Les drogues, et parmi elles les plus efficaces et les plus présentes, les opioïdes. Ce ne sont pas seulement des médicaments ou des substances actives contre la douleur, véritable lampe d’Aladin, elles laissent échapper une myriade de génies bons et mauvais, rêves, délires, sentiments de puissance, évasion, ivresse, le rapport à la souffrance et à la mort, la quête du plaisir, la fuite de la réalité.
Volonté d’explorer les confins du psychisme, de secouer et de meurtrir le Soi.
Depuis le début de l’humanité, l’être humain côtoie les drogues.
On crée des frontières, les légales et celles qui ne le sont pas. Entre l’interdît et l’autorisé, entre drogues dures et douces, les similitudes l’emportent parfois sur les différences, à chaque fois, l’addiction est possible.
Et que dire des intérêts économiques colossaux en jeu.
Cette mise hors la loi produit malheureusement de gigantesques effets pervers systémiques, prolifération des mafias (plus de cent milliards de dollars par an), destruction sociale et écologique des pays producteurs, meurtres …
L’humanité entière est minée.
Le NEJM a publié un saisissant tableau comparant les stratégies commerciales de promotion du tabac , de l’alcool, des opioïdes, du sucre, des armes à feu et même du pétrole !!. Une frappante similitude de manipulations, de »fake science », de mensonges visant à séduire les jeunes, s’en dégage.
Il n’y a pas de solution idéale au problème de la drogue. Quelque chose chez l’être humain résiste à toute forme d’assimilation normalisante, une face obscure qui le rend précaire, fragile , étrange , voire étranger à lui même… mais sans quoi son existence ne serait pas ce qu’elle est.
LE NEVEU DE BALZAC 
*NEJM: New England Journal of Médecine.