L’inquiétude ne cesse de croître, du moins en Occident, à propos de la vague de personnes âgées qui entame et poursuit son déferlement.
On peut redouter en particulier ses effets sur les coûts de notre système de santé.
De là à imaginer de nombreux scénarios pour s’adapter.
Pourquoi séparer l’état de vieux du reste de la communauté ? Comment fixer la limite ?
Car, qui que l’on soit, tout le monde, dès la jeunesse est vieillissant, pris dans un phénomène de transformations par pertes , par reconstructions, bouleversements de repères vitaux, adaptation de l’identité à un corps dont les capacités diminuent.
Notre souci, c’est que tout se passe bien pour tous ceux que l’âge éloigne de la vie commune Nous ne nous interrogeons pas sur le sens qu’ eux mêmes donnent à ce qui leur reste d’existence. Nous estimons juste que, pour la plupart, leur fin se déroule dans les hôpitaux et les institutions.
Nous déléguons,  comme si ceux qui nous ont engendrés et aimés ne faisaient plus partie de notre monde.
Constatons il est vrai que jamais la démographie et les mentalités n’ont changé aussi vite ; la structure familiale s’est transformée.
La médecine représente  la véritable hospitalité que nous leur devons. A travers ses progrès, la médecine représente une source de sacré, de surgissement, de mystère, d’espérance.
Les soins, au delà de l’utilité , sont notre moyen de leur dire que nous les estimons d’avantage que la  rentabilité, mot  qui en prise avec l’actualité, mérite  à la fois réflexion, jugement critique et réprobation.
Peut-être en même temps, c’est vrai, s’agit-il d’une manière d’exorciser l’angoisse de notre  propre  finitude qui se réveille à leur  contact.
Médicaliser la vieillesse est peut-être une parade que nous avons trouvée pour éviter de questionner notre propre vieillissement…. Se rassurer.
La vieillesse est un moment où, cessant d’être une fuite, vivre devient un progrès.
Tous les pays «  riches » ont choisi d’organiser les institutions pour personnes âgées autour de leur médicalisation plutôt que de la «  vie heureuse «  des résidents. Partout, l’obsession est celle de la sécurité et le risque, c’est  de ne laisser que peu de place à l’imagination des responsables en les enfermant dans les contraintes du remboursement et d’un cadre  juridique de plus en plus étroit.
Il faut éviter que les EHPAD tendent à devenir des centres de manutention et de maintenance de vieux, des lieux spécialisés dans la conservation et dans l’attente.
Sacrifier le présent pour l’espoir d’un meilleur vécu plus tard a parfois du sens.
La Vérité de l’âge avancé, c’est de vivre maintenant.

LE NEVEU DE BALZAC 🧐